~A Change Would Do You Good…

Un petit vent annonçant l’imminente approche de l’hiver s’infiltra tel un cambrioleur sous ma couverture. S’il avait été une personne en chair et en os, je l’aurais très certainement frappé mais malheureusement, je n’aurais pas cette joie. Le vent n’est pas une personne matérielle. L’instant d’après ce fut au tour de mon réveil de décider à me martyriser. Que voulez-vous il y a des jours comme ça, où tout le monde décide de se liguer contre vous. Eteignant mon réveil, je remonte les couvertures sur ma tête et profite encore de cinq petites minutes. Je devais prendre mon service à onze heures au bar Dionysos et après être libre de la journée ! Ah ce que je pouvais aimer parfois ma vie d’étudiante ! Mais une toute autre tâche m’attendait cette après-midi : celle de trouver le cadeau parfait ou du moins celui qui ferait le plus plaisir à mon amie. Et comment vous dire que son anniversaire est demain, et que je suis donc un tout petit peu pressée ? Me levant, je descendais à la cuisine et remarquais qu’aucun bruit ne se faisait dans la maison. Maman était sortie ? Ça serait un miracle qu’elle aille voir du monde depuis la mort de Papa. Non je pense qu’elle est juste allée faire le strict nécessaire : des courses très certainement. En effet, mon intuition fut la bonne lorsque j’ouvris le placard : il était comment dire, quasiment vide ! Heureusement il me restait encore de quoi faire un bol de céréales ! Une fois tout cela engloutit, j’enfilais mon jeans, un pull en laine rayé bleu et blanc ; je pris ma veste, mes affaires et sortie tout en dévalant les marches du perron d’un pas léger et presque sautillant jusque dans la rue. Depuis la veille je me retournais le cerveau pour trouver un cadeau. En plus elle était difficile, alors mieux valait-il mieux ne pas se planter : j’avais pas envie qu’elle me l’envoie à la figure ! Après quelques minutes de marche, les mains enfoncées dans mes poches, j’arrivais pour prendre mon service.

Plusieurs de mes amis au bar me proposèrent de faire quelque choses tous ensemble vu qu’ils savaient que je n’avais pas cours mais j’avais dû refuser gentiment. Une prochaine fois peut-être était ma phrase favorite l’espace de quelques instants ! Au passage, je m’étais fait un petit thé à emporter car l’après-midi qui m’attendait, s’annonçait des plus sportives ! Ainsi un thé – pomme cranberries – fumant encore dans les mains, je marchais dans les rues de New-York. Enfin je traînais et déambulais plutôt sans vraiment trop savoir vers où aller. Comme l’expression le dit ‘’je vais là où le vent me portera’’ mais actuellement il ne me porte nulle part si vous tenez vraiment à savoir ! Mon regard s’accrocha tout de même à la vitrine d’un magasin de vêtements. Pourquoi pas ? Si je me souvenais bien, elle aimait bien passer des heures et des heures à faire du shopping, chose qui moi m’allait bien deux minutes ! Disons que je suis meilleure conseillère que celle qui essaye tout et n’importe quoi. Poussant la porte, le petit carillon se fit entendre dans la pièce. Bon par quoi allais-je commencer ? Autre grande question de la journée ! Regardant à droite et à gauche, tournant même de temps en temps sur moi au cas où j’avais loupé quelque chose, j’essayais de repérer mon cadeau. Mais comment dire, malheureusement celui-ci n’a pas une pancarte avec écrit dessus : ‘’Coucou Amelia achète-moi ton amie va adorer !’’ Dommage, ça m’aurait bien dépanné tout ça ! Je bus une gorgée de thé, tout en décidant de rentrer dans une allée, au lieu de rester sur la principale. Faisant glisser mes doigts sur les vêtements accrochés aux cintres, je souris avant de me dire pour moi-même : « Sérieusement quelle idée m’est passé par la tête à vouloir choisir un cadeau pareil ! »

Je lâchais un petit rire concernant ma remarque, avant de sortir deux pulls de leurs parfaits alignements et de les mettre l’un à côté de l’autre. Mettant mon thé contre ma tempe je réfléchissais auquel des deux seraient le mieux. « Le jaune ou le bleu ? Comment est-ce que je peux savoir moi ! » Pour une fois que j’aimerais bien qu’une vendeuse m’aborde, c’est toujours dans ce genre de moment qu’elles ne viennent pas ! Ou alors, c’est moi qui aie parlé trop vite…

Vous connaissez les inconvénients à vivre temporairement à Mexico ? C'est perdu, c'est horrible, c'est moche, c'est ennuyeux, c'est horriblement dénué de style (à croire qu'ils ne connaissent même pas ce mot) et PAR-DESSUS TOUT, erreur monumentale : aucune boutique digne de ce nom. Bon, d'accord, j'exagère, il doit bien y en avoir une ou deux d'acceptables, mais rien à voir avec New York ou Paris par exemple. Je reconnais que je suis difficile, sur ce coup, au moins, je peux être avec Arès, par exemple. Et puis, bon, peut-être que j'espionne un peu-beaucoup les petits couples adorables qui se sont formés dans le camp d'Hadès (ne me regardez pas avec ces gros yeux-là, quand on est désespérement en quête d'une activité intéressante, on fait tout et n'importe quoi...).

New York. En moins de temps qu'il n'en faut pour dire mon nom, je suis dans la ville. Et aux endroits stratégiques, s'il vous plaît, sinon, ça n'a aucun intérêt. Mes yeux se mettent à briller à mesure que je vois mes boutiques préférées apparaître. Je serai tentée de sauter de joie et de hurler en pleine rue, mais je ne suis pas sûre que ce soit la bonne chose à faire pour être bien vue. Prête à dévalisée tout ce que je ne possède pas dans mon dressing (et ça, croyez-moi, c'est dur à trouver, quand on est aussi accro au shopping que moi et qu'on n'a aucun budget à respecter), je me lance au hasard dans un des magasins. Je fais des repérages : d'abord, je touche les tissus, je regarde les marques, dans ma tête, je fais des futures associations de tenues... Bref, inutile de préciser qu'au bout d'à peine un quart d'heure, je me retrouve avec quatre sacs bien remplis.

La boutique est quasiment déserte, et ça, je ne le remarque que maintenant. Dans les allées, une jolie rousse, qui, apparemment, nécessite de bons conseils en matière de mode. Enfin, sa tenue actuelle, ça peut passer, mais le pull jaune qu'elle tient entre les mains...Rassurez-moi, elle ne compte quand même pas porter une chose pareille, une chose aussi...informe ? Je m'approche, puisqu'aucune vendeuse ne semble décidée à réparer cette erreur presque aussi monumentale que l'absence de boutiques à Mexico.
« Le jaune ou le bleu ? Comment est-ce que je peux savoir moi ! »
- Honnêtement...aucun des deux. Sérieusement, tout autour de toi, il y a des vêtements de rêve, et toi tu te diriges vers des pulls aux couleurs criardes (on se demande, d'ailleurs ce qu'ils font là, ces fameux pulls...) ?

Spoiler:

~A Change Would Do You Good…

Un cadeau. Rappelez-moi de ne plus jamais faire de cadeau à une amie ! Ou du moins pas un cadeau tel que celui-ci ! Plus jamais un vêtement, c’est beaucoup trop prise de tête ! Surtout quand on s’appelle Amelia Mary Watson et qu’on a un petit problème avec la mode ! Enfin, pas qu’avec ça, mais bon. Pour en revenir à nos affaires, je devais être vraiment désespérée pour commencer à parler toute seule. En même temps, c’est pas comme s’il y avait quelqu’un qui allait me répondre, hein, vu que je n’ai vu personne dans ce magasin jusqu’à présent ! Pas une caissière ni même une conseillère. Quoique c’est peut-être pas plus mal, elles ne pouvaient pas voir mon désastreux choix de couleur. Disons qu’avec un pull jaune, et un pull bleu en main ce ne sont pas forcément des couleurs que tout le monde apprécie. Et en y réfléchissant correctement, ce n’est justement peut-être pas les couleurs que mon amie apprécierait. Parce qu’elles ne sont justement pas à la ‘’mode’’. En effet, on vint confirmer les dire que je me formulais tout bas : « Honnêtement...aucun des deux. Sérieusement, tout autour de toi, il y a des vêtements de rêve, et toi tu te diriges vers des pulls aux couleurs criardes (on se demande, d'ailleurs ce qu'ils font là, ces fameux pulls...) ? » Surprise par cette personne, je me tournais, peut-être un peu trop vite car je faillis renverser mon gobelet de thé. Juste à temps je réussis à le redresser avec mes deux mains. Ouf, je venais d’éviter une catastrophe internationale : imaginez le prix que j’aurais dû payer pour tous les vêtements que j’aurais aspergé ! Lâchant un petit soupir de soulagement pour avoir réussi cet exploit, je relevais la tête vers la fameuse personne qui avait confirmé mes dires. Parfaitement coiffée, parfaitement maquillée, parfaitement habillée. De quoi devais-je avoir l’air moi à côté d’elle ? Une chose était sûre, elle devait très certainement être meilleure spécialiste que moi dans le domaine de la mode. Même si soyons honnêtes, ce n’était pas très difficile !

Un petit sourire collée aux lèvres je pris la parole : « Je pense que ça doit se voir que tout ce qui est vêtements, couleurs et mode ça n’est pas mon truc, non ? » Je baissais rapidement le regard vers ce que je portais avant de ranger les deux pulls aux fameuses couleurs criardes là où je les avais trouvés avant de me retourner et d’ajouter : « Et les cadeaux ! C’est aussi un truc qui n’est… Justement pas mon truc ! » Je lâchais un petit rire me rendant compte de mes paroles pas si compréhensible que ça. Apprendre à parler Amy, c’est pas bien compliqué ! Mais la perspective de devoir continuer toujours et encore mon petit shopping seule pour trouver un cadeau ne m’enchantait pas le plus au monde ! Regardant autour de moi, je poussais un deuxième soupir mais cette fois-ci plus connoté sous le sens ‘’Purée ça m’énerve, comment je vais y arriver moi ?’’ J’aurais peut-être besoin d’un bon coup de main si je veux lui faire un cadeau convenable. Et si j’avais de la chance, peut-être qu’elle avait un peu de temps devant elle et qu’elle pourrait m’aider ? Reste plus qu’à croiser les doigts et à espérer qu’elle ne me demande pas un service trop compliqué en échange ! Mais elle me ressortirait d’une vraie panade si elle acceptait. Un petit sourire gêné scotché sur mes lèvres, je passais ma main libre derrière ma tête pour y frotter l’arrière de mon crâne. « Je sais que tu vas peut-être me prendre pour une folle à demander ça à quelqu’un que je viens tout juste de rencontrer mais j’aurais besoin d’un service. Faut que je fasse un cadeau à une de mes amies et vu que tu a l’air d’être plus douée dans ce domaine que moi, j’me demandais si tu pouvais m’aider justement à trouver quelque chose qui lui plairait… Parce que c’est sûr que si je lui avais ramené ces fameux pulls, elle me les aurait jetés à la tête ! »

Je terminais ma phrase sur un rire car je m’imaginais très bien la scène dans ma tête. Ça aurait été assez comique comme scène d’ailleurs ! « Au fait, la rouquine folle s’appelle Amelia ! » Ajoutais-je en lui tendant ma main. Si j’allais peut-être passer une grande partie de mon après-midi avec elle autant pouvoir mettre un nom sur un visage, non ?

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