Je traîne les pieds, je marche lentement. Mes orteils se plongeants dans les grains de sables, mes bruit de pas sont étouffés par l’étendue sablonneuse. Les roulis de la mer s’écrasent avec lourdeur. La chaleur me fait du bien, j’en ai besoin après tout. Oui j’aime les bains de soleil, je me demande s’ils n’ont pas fait erreur à ma naissance et que je ne suis pas une fille du Soleil ou de quelque chose du genre. Je fais la moue, marcher ne me mène a rien, je retire ma guitare qui se balançait sur mon épaule. Je m’assoie en tailleur, fixant l’immense étendue bleue. Ça faisait un moment que mon carnet de chanson n’avait pas eu le droit à une nouvelle chanson et depuis mon arrivée au Camp j’étais incapable de sortir un refrain ou même un accord digne de ce nom ! « Allé ma belle … tu peux le faire.. » Me soufflais-je. Mes yeux se fermèrent, mais mes sourcils se froncèrent légèrement sous la concentration. Le médiator en main je débute un air au hasard.


La musique se mélange au son marin, au vent. Je veux faire une chanson pleine de chaleur, j’ai envie de retranscrire mes sensations. Mais…je n’y arrive pas. Je gratte les cordes violemment. Je rouvre mes yeux, saisit mon sac -abandonnant ma guitare au passage- et en sors une serviette de bain bordeaux . Je l’étale rapidement, jette mon débardeur dans mon sac et déboutonne mon short en jean. Peut être que le seul moyen de vraiment y arriver, c’est simplement arriver à me détendre ? Donc me voilà en bikini, légèrement dépareillé certes mais ça faisait son effet. Le bas était entièrement noir et le haut était un bandeau écru avec au centre un bijou fait de perles oranges, vertes, et marrons qui donnait un léger côté ethnique si je puis dire ?

Je ne m’attardais pas plus longtemps sur ma tenue et amorça une décente aux milieux des vagues… « C’est froiiid » finis-je par lâcher, malgré ma lutte pour garder la mâchoire serrée. Je me lance pas franchement vaillante dans l’eau bleutée, les clapotis de mon corps contre la mer, sorte de lutte qu’elle a gagné d’avance. Je commence à me laisser glisser, nageant avec aisance. Je fais des longueurs sans but précis. Je ne sais pas pourquoi je me retourne soudainement, et cherche ma serviette des yeux. Et je tombe sur une silhouette assez proche pour que je puisse distinguer les traits de la personne. Il est grand, oui il c’est un homme, il doit avoir une bonne tête de plus que moi. Son regard azur me transperce, il est d’une beauté peu commune…enfin de mon point de vue. Seul hic je le vois se rapprocher de ma guitare. Ni une ni deux, avec toute la grâce dont je puisse faire preuve, je sors de l’eau. Le corps ruisselant, le fixant, il avait une sorte d’aura magnétique. J’arrive à sa hauteur, je le détaille encore une fois du regard. Je ne me rappel pas l’avoir déjà croisé depuis que je suis ici. Et si ça avait été le cas je me serais souvenue -dis on le franchement- d’une bombe pareil !


Par contre il me semblait, un peu absent, comme si je n’étais pas totalement là et lui non plus d’ailleurs. Je ne me laisse pas démonter pour autant, et lorsque j’arrive enfin à capter son regard, ne pu m’empêcher de parler. « Bonjour ! Dis moi… tu es nouveau ? Oh pardon je ne me suis pas présentée ! Moi c’est Will… » J’accompagnais le tout par une main tendue -et humide- vers lui et de mon plus beau sourire

Il saisit ma main non sans avoir eu un léger moment d’hésitation. Le mettais-je malaise ? Il avait pourtant répondu de manière assez détaché …Le petit nouveau me désigna ma guitare. Je me baisse légèrement pour la saisir. « Oui c’est la mienne, elle me vient de mon père. Mais bon en ce moment elle et moi on est légèrement fâchées … » Je lui lance un sourire semi-triste puis mon regard quitte les yeux azurs de Manoel pour se poser sur mon instrument. Je la fait tourner entre mes doigts. « J’étais venue ici dans l’espoir, d’enfin sortir quelque chose qui sonne bien mais j’en suis bien incapable. Pourtant je ne suis pas si mal ici. » Je lui montre vaguement les alentours avec ma main libre. Oui, mais pourtant il me manque quelque chose quoi je n’en sais rien. Ma vie était-elle devenue trop monotone ? Je regardais Manoel, peut-être était-il la réponse à mes soucis. Je souris intérieurement, les dieux m’avaient-ils entendu ? Rien, ne venait du hasard j’en étais persuadée ! Peut être était-ce le statut de ma mère qui me faisait dire ça ? C’était possible après tout.

J’entrepris de poser ma guitare et de me sécher, avec ma serviette, je commençais à frissonner. « Et sinon qu’elle est ta spécialité ? Moi je suis la fille de Tyché la divinité de la fortune, de la prospérité et de la destinée, sacré curriculum tu ne trouves pas ? » Une fois sèche j’abandonnais la serviette, pour me rhabiller rapidement. « Quoi que attend ! » fis-je avec un peu trop d’empressement. « Laisse moi deviner…je suis sur que je peux trouver qui est ton parent divin ! » Je fis quelque pas vers lui, croisant les bras. Le pauvre je le poussais vraiment dans ses retranchements, le fixant. « Hum, je dois avouer que tu es vraiment comment dire...-un sourire demi-gêné apparu sur mon visage.-beau, et je pense que ça serait trop simple si tu étais un fils d’Apollon. » Il ne semblait pas être vraiment à l’aise…pas le genre de personne à être en contact des hommes. Oui…un peu ailleurs, comme … « Déméter n’est-ce pas ? » Oui il faisait très nature, par contre je n’avais aucune idée de pourquoi je le percevais comme ça. Il m’intriguait et me faisais déjà une joie de l’avoir au camp, peut être viendrait-il rompre un peu notre traintrain quotidien ?